Les Salles Obscures

Le passé éclaire le futur

Robert Bresson et le cinématographe 7 octobre 2009

Filed under: Le Passé Recomposé,Robert Bresson — lessallesobscures @ 15:46
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Pour la sortie de son film Pickpocket, Robert Bresson se prête à l’interview télévisée pour une émission sur le cinéma animée par François Chalais et France Roche.

Robert BressonMéfiant, mal à l’aise, Robert Bresson l’est, assurément, il a construit son film, Pickpocket (1959) sur une intuition, une expérience vécue à laquelle il donne instinctivement tout son crédit. France Roche le devine très rapidement et la douceur de sa voix tout autant que la délicatesse de ses sollicitations lui permet d’approcher le cinéaste sans l’effaroucher ; l’anecdote révélée grâce à sa perspicacité, celle d’un voleur réellement rencontré par Bresson est l’amorce véritable de l’entretien et permettra ensuite de mieux cerner la conception que Bresson se fait de son art, tendant toujours à bien dissocier ce qu’il est et ce qu’il produit grâce à ses expériences, celles de son « métier » (selon ses propres dires, Bresson a déjà construit un lien fidèle avec les spectateurs) et celles de la vie, potentiel infini de tentatives douloureuses dont il faut tirer quelques enseignements. Le cinéma de Bresson est un mélange de ces deux éléments. (more…)

 

Ingmar Bergman parle de Strindberg (et de lui) 10 septembre 2009

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Comment Ingmar Bergman manipule mine de rien une journaliste l’entretenant d’August Strindberg. Une véritable leçon de cinéma !

Ingmar Bergman parle d'August Strindberg

Ingmar Bergman parle d'August Strindberg

Affaibli par l’âge et cinquante ans de réflexion sur les méandres de la personnalité humaine, Ingmar Bergman, n’en reste pas moins d’une rare vivacité intellectuelle quand il s’agit de commenter le lien indéfectible qui le rattache à son maître théorique, sa référence ultime, le dramaturge de renom et initiateur de la modernité théâtrale européenne : August Strindberg.

Reprenant, avec une élégance teintée de malice, la journaliste lorsqu’elle prononce, selon lui, un peu maladroitement le prénom de son Maître, Ingmar explique de sa voix douce et un peu tourmentée que Strindberg a toujours fait parti intégrante de sa vie et de ses réflexions sur la mise en abîme de la psyché individuelle.

Bergman, on le savait rigoureux, exigeant dans sa direction d’acteur, on constate qu’il est tatillon jusque dans le rituel un peu éprouvé des traditionnels entretiens. Mais que peut bien cacher cette touchante maniaquerie de génie isolé ? (more…)

 

Je suis un homosexuel de bonne famille ! 20 août 2009

Après trois films polonais, Andrzej Żuławski réalise en France « L’important c’est d’aimer » film au casting audacieux (Romy Schneider, Jacques Dutronc, Fabio Testi, Klaus Kinski, Claude Dauphin…) qui détonne au milieu des seventies.

Żuławski - Klaus Kinski - L’important c’est d’aimerIl y a toujours chez un réalisateur une scène, un dialogue qui le dit et plus généralement définit une époque.
Cette réplique incroyable extraite du film le plus (re)connu de Żuławski pourrait résumer son approche idéologique et l’éthique d’un cinéma français des années 70. Le jeu constant avec les limites des codes de la bourgeoisie (disparu aujourd’hui sauf chez le cinéaste vintage Étienne Chatiliez), l’approche exubérante et non cynique des rapports sociaux, une élégance triviale, forcée se sauvant ainsi de sa vulgarité sont des marques puissantes d’un regard cinématographique post soixante-huitard relevant l’impuissance des années pré-révolutionnaires, leur échec. Que reste-t-il de 68 ?
Żuławski n’a jamais été aimé par les critiques de cinéma (Les Cahiers, Positif, La revue du cinéma…), vécu comme un critique grossier du cinéma de Sautet, un Eustache pour le peuple. Le succès de ce film lui offrit la possibilité de monter en Pologne un film rêvé, son œuvre. Fantasme récurrent chez certains cinéastes (Demy, Coppola…). Il échoua. Il revint en France avec Possession en 81 (Prix d’interprétation féminine à Cannes pour Isabelle Adjani). Levée de boucliers critiques, puis ce fut les films gorgés de galimatias philosophiques : La Femme publique, L’Amour braque … (more…)

 

Le cinéma est une apparition 17 août 2009

Basisers VolésLa femme chez François Truffaut occupe un rôle central ;  elle est même le sujet principal d’un grand nombre de ses films (mère, maitresse, épouse, femme désirée, fantasmée…). Si l’identification des personnages de Truffaut au titre presque trompeur de L’homme qui aimait les femmes parait facile, elle est erronée. Les héros de Truffaut ne sont pas des collectionneurs, mais des chercheurs. Ils sont en quête de l’idée, au sens platonicien, de la femme ; de son essence. Baisers Volés en est un parfait exemple. 3ème épisode de la saga Antoine Doinel, le double de Truffaut est amoureux de Christine Darbon. Il croise également Colette, son fantasme du précédent épisode Antoine et Colette, mais elle est accompagnée de son mari et de son enfant. Fin définitive de l’histoire d’amour pour Antoine… Mais, sa rencontre avec Fabienne Tabard bouleverse l’ordre de ses désirs.

Après avoir exercé divers métiers, Antoine est engagé dans une agence de détectives. Il est placé dans un magasin de chaussures dont le patron, Georges Tabard, se plaint d’être haï par son personnel. Antoine est chargé de découvrir pourquoi. (more…)